Publié le 7 juin 2021 Mis à jour le 7 juin 2021
le 18 juin 2021
En co-modal
de 9h30 à 17h

Pour la troisième année consécutive, les doctorant.es du laboratoire d'anthropologie des enjeux contemporains (LADEC) se mobilisent pour organiser des doctoriales.

Comment mener nos recherches lorsque les conditions mêmes de leur faisabilité sont remises en cause ? Comment rendre compte d’un travail de terrain mené à distance sociale, intellectuelle et/ou affective des personnes qui constituent habituellement le coeur de nos écrits ?
C’est avec ces questions en tête et le sentiment que l’année qui vient de s´écouler marquait un véritable tournant pour l’ensemble des disciplines des SHS que l’appel a été lancé pour la troisième édition consécutive des doctoriales du LADEC. La diversité des propositions, des contextes étudiés et des réponses apportées confirme l’intuition que la pandémie de Covid-19 a terminé de faire de l’incertitude – des chercheu.r.se.s, des personnes interrogées, des institutions, du vivant – un lieu commun. Elle montre également que la vocation comparatiste de l’anthropologie demeure plus que jamais essentielle pour rendre compte des nuances et complexités sociales, culturelles et politiques avec lesquelles l’incertitude entre en résonance. La sélection de cette année nous emmène donc sur ces terrains accidentés où les tâtonnements méthodologiques, éthiques et théoriques des doctorant.e.s sont aussi sources de créativité et d’innovations intellectuelles au coeur de récits scientifiques qui se voient ainsi renouvelés dans leurs fonds autant que dans leurs formes et restent plus que jamais nécessaires.
 
Les invité.es
Afin d’accompagner au mieux les doctorant.e.s dans leurs réflexions, nous avons le plaisir d’accueillir deux invitées dont les travaux sont en lien direct avec les questions qui nous animent ici :

  • Carolina Kobelinsky : Anthropologue, Chargée de recherche au CNRS, membre du LESC (UPN). Ses sujets de recherches sont les politiques et expériences de la migration, les border studies, l’anthropologie de la mort et l’anthropologie de la violence.
    https://lesc-cnrs.fr/fr/cb-profile/197/userprofile
     
  • Jeanne Drouet : Anthropologue, ingénieure CNRS (Centre Max Weber). Ses principaux travaux portent sur la « raison orale », la circulation des imaginaires ou les mondes virtuels et soulèvent tous des questions de méthodes, notamment autour de l’emploi des images en SHS. Aujourd’hui, elle poursuit la réflexion méthodologique en la doublant d’un engagement pour que la socio-anthropologie et la création artistique se rencontrent, afin de penser, chercher et/ou créer collectivement et différemment.
    https://www.centre-max-weber.fr/Jeanne-Drouet
    https://halshs.archives-ouvertes.fr/
Les présentations et les discussions de cette journée feront également l’objet d’un compte-rendu dessiné, réalisé par Léonie Collin étudiante en Licence 3 d’anthropologie à l’Université Lumière Lyon 2 et dessinatrice.
Programme
  • 9h30 : Introduction de la journée.
    Par Gaspard Renault (LADEC, Université Lumière Lyon 2)
     
  • 9h45-10h30 : Images incertaines. À propos de certaines images produites sur ou avec des femmes immigrées et âgées.
    Par Julie Leblanc (LADEC, Université Lumière Lyon 2)
     
  • 10h30-11h15 : Faire mémoire des lieux-refuges : approche photographique et ethnographique de l’habiter précaire.
    Par Camille Lassègue (LADEC, Université Lumière Lyon 2, RIZE)
     
  • 11h15-12h : Ethnographies résistantes : Repenser la frontière franco-italienne aux temps d’une pandémie globale (Vintimille).
    Par Nina Bacchini (EVS, Université Lumière Lyon 2)
     
  • 12h-14h : Pause déjeuner
     
  • 14h15-15h : Suivre les relations humains-chiens de traîneau dans les Alpes et en Arctique, un (dé)placement (im)mobile de l’enquête et ses méthodes ?
    Par Aurélie Hendrick (Institut de géographie et durabilité, Université de Lausanne)
     
  • 15h-15h45 : Épidémie, mesures sanitaires et mouvements sociaux. Aux nouvelles temporalités de nouvelles méthodes.
    Par Lucas Lartigue (LADEC, Université Lumière Lyon 2)
     
  • 15h45-16h30 : Ethnographie en ligne parmi les Napo Runa d’Amazonie équatorienne. Le cas du festival Jumandi Yaya 2020.
    Par Arthur Cognet (LADEC, Université Lumière Lyon 2).
     
  • 16h30-17h : Conclusion.
    Par Gaspard Renault et discussion générale autour des dessins de Léonie Collin.
Modalités
de participation

Cette journée est ouverte aux enseignant.es chercheur.es, aux étudiant.es, en particulier aux doctorant.es et masterant.es, ainsi qu’aux partenaires et toute personne intéressée par les thématiques abordées.

En raison des restrictions sanitaires, la participation en présentiel se fait uniquement sur réservation, en envoyant un courriel simultanément à Camille Lassegue (camille.lassegue@univ-lyon2.fr), Julie Leblanc (julie.leblanc@univ-lyon2.fr) et Gaspard Renault (g.renault@univ-lyon2.fr).

Il sera également possible de suivre les communications et les discussions via l’application TEAMS : Cliquez ici pour rejoindre la réunion.

Résumés
des communications
Julie Leblanc – « Images incertaines. À propos de certaines images produites sur ou avec des femmes immigrées et âgées. »

Ma communication s’appuie sur un matériau ethnographique recueilli depuis 2013 à Vénissieux et Marseille auprès de femmes d’origines maghrébines et Ouest-africaines âgées de 60 à 87 ans. Je souhaite montrer comment l’incertitude a jalonné les parcours de vie de ces femmes et continue d’être prégnante au coeur de leurs vécus aujourd’hui. Puis, j’exposerai la manière dont le recours aux images, lorsqu’elles sont co-construites avec les femmes concernées permettent de mettre en exergue leur agentivité au long cours et ainsi de sortir des clichés qui ont habituellement cours
à leur sujet.

Camille Lassègue – « Faire mémoire des lieux-refuges : approche photographique et ethnographique de l’habiter précaire »

Tout juste débutée en janvier 2021, ma thèse porte sur la mémoire des lieux-refuges (squats, centres d’accueil) habités notamment par des femmes exilées. Mon terrain actuel est un squat de femmes et de familles à Villeurbanne. Ces espaces, précaires et temporaires, s’inscrivent dans une temporalité incertaine, soumise aux expulsions et aux démarches administratives, d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire. Loin d’être passives, les femmes du squat mettent en place des stratégies complexes pour habiter les lieux et accéder à un logement stable. L’utilisation de la photographie et de méthodes participatives permettent de mettre en image, en mémoire et en récit ces façons d’habiter, et parfois de pallier aux difficultés d’accès au terrain dans le contexte sanitaire actuel.

Nina Bacchini – « Ethnographies résistantes : Repenser la frontière franco-italienne aux temps d’une pandémie globale (Vintimille) »

La pandémie de covid-19 nous oblige, en tant que chercheur.es, à interroger et ré-imaginer nos objets d’étude et nos outils méthodologiques. La situation sanitaire que nous traversons investit tous les champs du réel : d’une part, elle modifie les outils conceptuels avec lesquels nous travaillons ainsi que les configurations locales à partir desquelles nous observons la réalité sociale. D’autre part, nous invite à repenser les démarches méthodologiques à travers lesquelles nous approchons nos terrains d’étude. Ainsi, à partir de mes recherches en cours sur une ville de frontière, le but est de réfléchir aux conséquences de ce contexte épidémiologique inédit en termes de production de savoirs.

Aurélie Hendrick – « Suivre les relations humains-chiens de traîneau dans les Alpes et en Arctique, un (dé)placement (im)mobile de l’enquête et ses méthodes ? »

Étudier les collectifs de travail formés par les « musheurs » et leurs chiens de traîneau implique de suivre des formes variées de déplacements : historiques, culturels ou géographiques. Néanmoins, suivre ces déplacements pose des difficultés dans le contexte de la pandémie de Covid-19, dues à une période d’immobilisation générale. Malgré ce contexte, je tenterai de montrer les apports et les limites d’une méthodologie hybride, conçue comme un « déplacement immobile » de l’enquête, permettant d’identifier des connexions entre le mushing alpin et arctique.

Lucas Lartigue – « Épidémie, mesures sanitaires et mouvements sociaux. Aux nouvelles temporalités de nouvelles méthodes »

L’intervention proposée ici consiste à interroger, par le prisme de ma propre enquête ethnographique, la manière dont l’épidémie de Covid-19 influence la recherche. Dans une étude portant sur les mouvements sociaux de protection de la nature, il s’agit de voir en quoi les mesures sanitaires amènent à repenser le cadre du terrain, la méthode de recherche, et la posture du chercheur. Nous insisterons ici sur le rôle du Web et tenterons de montrer en quoi cette alternative est intéressante bien que toutefois limitée.

Arthur Cognet – « Ethnographie en ligne parmi les Napo Runa d’Amazonie équatorienne. Le cas du festival Jumandi Yaya 2020 »

Depuis 2014, je mène des recherches avec les Napo Runa, un groupe indigène quechuaphone de l’Amazonie équatorienne. Depuis le début de mes recherches, je fais du terrain en ligne, principalement à travers les réseaux sociaux Facebook, Twitter et YouTube, en complément de me recherches sur place. Cependant, depuis 2020 et le début de l’épidémie de Covid-19, la recherche en ligne est devenue mon seul moyen d’avoir accès à mon terrain. L’objet de cette communication est de présenter une recherche ethnographique en ligne que j’ai réalisée en 2020 (le festival Jumandi Yaya) et de réfléchir sur les avantages et les inconvénients de ce type de recherche qui coupe l’ethnographe de la relation intersubjective avec ses interlocuteurs à laquelle il est habitué.

Informations pratiques

Lieu(x)

En co-modal

En présentiel sur réservation campus Berges du Rhône – Bâtiment Clio – Salle CR35 et en visioconférence via l’application TEAMS