Titre de thèse : "Mutations du politique et nouvelles formes de légitimités. Ethnographie des enjeux contemporains du conflit électoral de San Sebastián Tutla (Mexique)"
- Jury
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Directeurs de thèse : David Garibay et Martin Soares, Université Lumière Lyon 2
Membres du jury :
- Mme. Elisabeth CUNIN, Directrice de recherche à l'IRD (rapportrice).
- Mme. Tiphaine DURIEZ, Maîtresse de conférences en anthropologie à l'Université Lumière Lyon 2
- M. David GARIBAY, Professeur des universités en science politique à l’université Lumière Lyon 2 (directeur de thèse).
- M. Olivier LESERVOISIER, Professeur en anthropologie, Université Paris-Cité.
- Mme. Catherine NEVEU, Directrice de recherche au CNRS (rapportrice).
- M. David RECONDO, Chargé de recherche au CERI - SciencesPo.
- M. Martin SOARES, Maître de conférences en anthropologie à l'Université Lumière Lyon 2 (Directeur de thèse). - Résumé
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À San Sebastián Tutla, dans le sud du Mexique, à quelques kilomètres de la capitale de l’État d’Oaxaca, la parole est au peuple – paraît-il. Derrière les objectifs affichés au Mexique de renforcer l’unité de la nation, de véritables enjeux de pouvoir émergent et s’articulent autour de la réforme de la loi électorale locale de 1995, permettant aux communautés locales de choisir leur mode de scrutin et les procédures afférentes selon leurs « us et coutumes ». Dans une immense majorité des municipalités de l’État (417 des 570 municipalités), les communautés ont désormais le droit d’élire leurs représentants et de gouverner selon leurs « propres coutumes locales ». La mention des « us et coutumes » dans la réforme constitutionnelle était ainsi destinée à mettre en valeur les pratiques communautaires et à favoriser des populations trop longtemps marginalisées, tout en s’inscrivant dans le mouvement des politiques multiculturalistes. Là encore, ces dynamiques révèlent de multiples stratégies d’acteurs politiques locaux. L’exclusion des « derniers-venus » apparaît dès lors comme un implicite inévitable de ce processus. Ces derniers sont facilement identifiables : il s’agit des habitants du quartier à loyers modérés appelé « El Rosario », créé en 1980 sur le territoire municipal mais situé à plusieurs kilomètres du centre de la commune. Cette mise sous silence est un corollaire de la façon dont les discours des autorités favorisent et encouragent les pratiques des « indigènes zapotèques », coutumes transmises de générations en générations, de manière exclusivement orale, et qui sont présentées comme ne pouvant pas « s’apprendre ». Ainsi, les non « originarios » (autrement dit, les « non Zapotèques »), où qu’ils vivent dans la municipalité, ne peuvent s’ériger en citoyens à part entière – une exclusion qui fait s’entrecroiser des enjeux ethniques et sociaux.
Une véritable invisibilisation d’une partie pourtant numériquement majoritaire de la population est ainsi pratiquée par les membres du gouvernement de San Sebastián Tutla et par les habitants du chef-lieu, considérés comme les citoyens légitimes de la communauté. L’activation de mythes unificateurs, la création d’une mémoire collective et certaines pratiques politiques (votes à mains levées sur la place publique, le maintien du pouvoir aux mains de quelques leaders, etc.) et la reproduction de ces inégalités permettent ainsi de « faire taire » et de maintenir l’illusion d’un consensus communautaire.
Mots clés : Anthropologie, politique, Mexique, démocratie, indigénisme, participation, citoyenneté
Informations pratiques
Lieu(x)
Campus Berges du Rhône