Publié le 13 avril 2021 Mis à jour le 13 avril 2021
le 23 novembre 2020

Titre de thèse : "Les trajectoires prémaritales de "grands dragueurs" dakarois : Multipartenariat, homosocialité et construction des masculinités"

 
Jury

Directeur de thèse : Olivier Leservoisier

Membres du jury :

  • M Bondaz Julien - Maître de conférence – Université Lumière Lyon 2
  • Mme Deschamps Catherine - Professeure des universités – ENSA de Nancy
  • M Dia Hamidou - Chargé de recherche 1re classe – IRD
  • M Leservoisier Olivier - Professeur des universités – Université Lumière Lyon 2 - Directeur de thèse
  • Mme Vinel Virginie - Professeure des universités – Université de Franche-Comté - Présidente du jury
  • Mme Razy Élodie - Professeure – Université de Liège
Résumé

Cette thèse s’appuie sur une enquête ethnographique menée auprès de jeunes hommes dakarois qui se désignent comme de « grands dragueurs » (doxaankat bu mag). Ces derniers tirent cette réputation de leurs comportements « prédateurs » en termes de séduction, mais aussi du fait qu’ils parviennent à entretenir plusieurs relations de couple en même temps. Cela les oblige à prendre un certain nombre de précautions afin que leurs partenaires et les femmes qu’ils cherchent à « conquérir » ne soient pas mises au courant de leur comportement multipartenarial. En outre, s’indignant massivement d’un supposé « matérialisme » des femmes, ils s’emploient à exercer le moins possible le rôle de prestataires économiques attendu des hommes dans le cadre d’un couple. Ils remplacent alors ces preuves d’attachement par d’autres gestes romantiques, dans une posture éminemment stratégique. Ils disent en effet chercher à tirer des bénéfices de leur relation avec ces jeunes femmes tout en négociant ce qu’ils sont prêts à leur « donner ». Ce faisant, ils peuvent démontrer à leurs pairs que, même sans mobiliser de ressources monétaires, ils sont capables tant de séduire que de multiplier les relations.

Cette recherche vise alors à questionner les mécanismes défensifs dans lesquels se positionnent ces hommes. Elle s’intéresse en particulier à la manière dont ils mettent en commun un certain nombre de connaissances théoriques et empiriques pour ensuite élaborer des stratégies à mettre en acte. Le but recherché (avoué uniquement dans les collectifs de pairs) est d’assurer leurs prérogatives de genre – un projet qu’ils légitiment par leur « constat » d’une « crise » des masculinités contemporaines au Sénégal – allant de pair avec leur volonté d’incarner un modèle idéal typique de « virilité ». Ces divers éléments permettent de mettre au jour que les ambitions des hommes vis-à-vis de leurs propres agissements comme de leurs relations prémaritales sont imprégnées d’une volonté de contrôle. Je propose alors de penser ces objectifs performatifs en prenant en compte le statut de mes interlocuteurs, c’est-à-dire des « cadets sociaux » assez démunis au niveau économique. C’est sous cet angle que je me suis efforcé de comprendre en quoi leur projet de genre influence la manière dont ils cherchent à se construire en tant qu’ « hommes ».

Mots-clés : Sénégal, relations prémaritales, multipartenariat, sexualité, homosocialité, virilité, masculinité.

Informations pratiques