Mise à jour le 17 oct. 2025
Salomé Deboos
Publié le 16 octobre 2025 – Mis à jour le 17 octobre 2025
Mes recherches (Deboos, 2010. 2012. 2013. 2014. 2015. 2020.) successives ont permis de faire état de la manière réflexive dont les zanskarpas gèrent la pluralité religieuse locale de cette vallée himalayenne de 13 673 habitants (92,73% bouddhistes Mahayana et 7,27% d’islam sunnite). Cette population, officiellement classée comme “Scheduled tribe Bozo/Boto” du tibétain Bhot/ Bod, est comprise localement par les zanskarpas comme « tribu bouddhiste ». Les zanskarpas bouddhistes se nomment eux même les « Boto » et les musulmans se nommant « Kaje ». Ces dernières décennies, la région a connu de profondes transformations politico-religieuses. Les études anthropologiques existantes (P.Dollfus , J.Crook , F.Pirie, D.Pinault , N.Grist …) ont en effet, souvent étudié les dynamiques identitaires en lien avec l'acceptation d'éléments (personnes) extérieurs à la communauté. La grande majorité de ces études ne tient cependant pas compte des processus à l’œuvre dans l’évolution de l'identité communautaire liée aux parcours migratoires de certains de ses membres. Les études existantes sur le Ladakh prennent notamment en considération l’arrivée dans le district de Kargil de migrants (4,6% en 2001 puis 23,2% en 2011) de confessions diverses (sikhes, hindoues, jaïnes voire chrétiennes), facteurs déclencheurs de l’apparition d’un essentialisme musulman (Aabedi Z.U.) ou bouddhiste. Ces dernières années, de nouvelles études se sont plus particulièrement focalisées sur une réévaluation des preuves historiques (J Rizvi , H.K.Franke , J. Bray ) et politiques (M.Van Beek , R.Gupta , Aggarwal R. ) dans cette partie de l’Himalaya. L’actualité appelle également une réévaluation de la situation locale, prenant notamment en considération la nouvelle carte administrative venant inclure la révocation de l’autonomie constitutionnelle de l’état fédéral du Jammu & Kashmir le 5 août 2019. Cette décision émanant de l’état central de New Delhi provoque un déséquilibre dans l’administration locale, les régions frontalières de la Chine, de l’Afghanistan et du Pakistan (via le Baltistan) conservant un statut particulier de Autonomous Hill Council défini originellement par la constitution indienne. Cette décision est également à l’origine de l’achèvement rapide de la route carrossable reliant directement Padum à Manali à l’été 2020 (271km) permettant de relier directement New Delhi à Kargil via Padum.
L’antériorité de ces recherches sur le Zanskar (depuis 2000), ainsi que mes compétences linguistiques me permirent d’approcher toujours plus la complexité et la richesse du vécu. De cela dont rend compte mon ouvrage Homeland or Religion ? Personal Identity Building in Question - The case of Zangskar, Indian Himalayas (Brill, 2023), pour exprimer à la fois les espérances et les compréhensions du monde que les zanskarpas de générations différentes se forment. Les anciens ont une perception précise du sens de l’Histoire qui s’écrit sous les yeux, et vivent ces changements à la fois avec ce qu’ils ont de bon sur le plan pragmatique et les commodités apportées et les effets destructeurs qu’ils provoquent au sein de la communauté. Mes derniers terrains ont amené une meilleure compréhension des relations entre le local et le global, en particulier sur origine de phénomènes tels que le repli identitaire, la consolidation ou le renforcement des frontières confessionnelles et religieuses, l’impact de la dématérialisation des échanges sur la construction identitaire, en particulier sur celui de la place des femmes dans cette nouvelle dynamique. |
→ Retour à la fiche de Salomé DeboosDans cette perspective anthropologique, à la fois historique, économique et politique s’inscrit précisément mon projet de recherche dont la formulation s’intitule : en quoi les positions religieuses intergénérationnelles, notamment celles des jeunes générations impactent-elles directement ou indirectement le Politique contemporain au Zanskar ?