Depuis 2019, les doctorant.es du LADEC organisent régulièrement des ateliers visant à discuter leurs recherches. Cette année, cette une version "grand format" de leurs ateliers qui est proposée afin d'ouvrir les débats au public.
- 10h30 / Lucas Lartigue - La nature de la non-violence
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La temporalité réduite propre au contexte environnemental actuel renvoie souvent à l’idée de crise écologique ou climatique. Cette situation particulière et sans précédent voit naitre de part et d’autre de France tout un ensemble de collectifs, d’associations, et de groupes plus ou moins radicaux engagés dans une volonté d’oeuvrer pour préserver la nature. Il s’agit alors pour l’anthropologie de saisir quelles sont les formes d’agir politique mobilisées par ces différents acteurs dans la lutte pour le vivant, et finalement d’interroger la place de la violence dans la pensée écologique. Il apparait alors que, à l'inverse d'une multitude de groupes qui placent leurs espoirs en une violence révolutionnaire, d'autres font le choix d'une non-violence radicale. Il s'agit alors de dépasser la critique selon laquelle la non-violence serait un simple dogmatisme défendu par une partie privilégiée de la population, et de comprendre que la difficile définition de la violence nous invite à réinterroger la nature de l'État et le rapport à l'altérité pour comprendre la non-violence comme un positionnement moral, une posture antifasciste, et un ensemble de techniques de lutte à l'épreuve de la fin du monde. Cette étude anthropologique s'appuie sur une ethnographie de l'organisation internationale non-violente Extinction Rebellion en France (Lyon et Paris).
→ Consultez la fiche de Lucas Lartigue - 11h30 / Qendresa Shaqiri - Du global au local – une pédagogie des émotions en construction ?
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L'anthropologie et la sociologie ont montré que les émotions peuvent être mobilisées pour des finalités sociales, interrogeant les valeurs et leurs représentations de manière variables selon les époques. Des ethnographies récentes ont notamment observé l'émergence d'un phénomène appelé pédagogies des émotions. La diversité de ces pédagogies concentre et partage deux traits communs : le fait que les émotions soient devenues enseignables, mais avec une pédagogie veillant à s’ajuster aux logiques néolibérales. L'étude de cas présentée ici s'inscrit dans la continuité de ces travaux. Elle montre comment les émotions sont devenues enseignables et, sans s’inscrire systématiquement dans des logiques néolibérales, sont travaillées pour un idéal démocratique. La Scuola-Città Pestalozzi école primaire, publique et expérimentale à Florence en Italie, où j'ai mené une ethnographie sur les pratiques d’« éducation affective et relationnelle » a été construite en 1945 en tant que réponse antifasciste pour éduquer le sujet et construire un rapport à la vie sociale selon les principes de conceptions de la démocratie. Ces pratiques éducatives inédites émergent pour répondre à un manque d'horizon commun créant de nouvelles manières d'être au monde pour renforcer le lien social. Cherchent-elles à créer des manières d’éprouver ensemble ? Comment résoudre émotionnellement des questions sociales et politiques contemporaines dans un contexte où les discours sur les émotions s'étendent jusqu'à une échelle mondiale ?
→ Consultez la fiche de Qendresa Shaqiri
- 14h / Romain Bertrand - Prévention de la radicalisation : une politique du sensible
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Depuis 2014, la prévention de la radicalisation fait l'objet en France d'une politique publique que l'on peut qualifier d'exceptionnelle en ce qu'elle prend place dans une série d'interstices institutionnels et légaux et se superpose au « droit commun ».
Cette politique vise, entre autres, à la « sensibilisation » et à la formation de professionnels et à l'accompagnement de personnes et de familles réputées concernées par des problématiques de radicalisation.
À travers l'analyse d'expériences où le terme « radicalisation » est mis en jeu par différents acteurs plus ou moins impactés par cette politique publique, cette présentation visera à présenter la manière dont celle-ci relève d'une politique du sensible, c'est à dire d'une dynamique de configurations et des modulations d'un « système d'évidences sensibles qui donne à voir en même temps l’existence d’un commun et les découpages qui y définissent les places et les parts respectives. » (Rancière, 2000).
→ Consultez la fiche de Romain Bertrand - 15h / Arthur Cognet - Runa tukuna (devenir Runa) : ethnogenèse, imaginaires coloniaux et conceptions de la « civilisation » chez les Napo Runa d’Amazonie équatorienne
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Les Napo Runa, groupe indigène de l’Amazonie équatorienne, ont fréquemment été décrits comme « acculturés » en raison de la domination coloniale à laquelle ils sont soumis depuis plusieurs siècles et à travers laquelle ils ont adopté des éléments culturels valorisés par les colons et appartenant notamment au christianisme. Les imaginaires coloniaux et les conceptions de « civilisation » et de « sauvagerie » véhiculés par les colons ont également exercé une influence sur la représentation de soi des Napo Runa. Pour ces derniers, c’est à travers un processus d’évolution historique qu’ils estiment être devenus des Runa (personnes) civilisés au côté des colons, tandis que les groupes indigènes voisins se seraient maintenus dans une forme d’humanité primordiale sauvage à laquelle appartenaient jadis leurs ancêtres. Ce processus, qui est pensé comme réversible, est également inscrit dans la spatialité, puisque, selon les récits des Napo Runa, c’est en effectuant un déplacement vers l’Ouest et la cordillère des Andes ou bien vers l’Est et la forêt amazonienne que l’on devient (ou que l’on reste) civilisé ou sauvage. En me basant sur des documents historiques coloniaux et sur des récits oraux napo runa, je décris la construction historique de ces conceptions de civilisation et de sauvagerie auxquels adhèrent aujourd’hui les Napo Runa.
→ Consultez la fiche de Arthur Cognet
Informations pratiques
Lieu(x)
Campus Porte des Alpes
Documents à télécharger
Organisation
- Lucas Lartigue
- Arthur Cognet
- Qendresa Shaqiri
- Romain Bertrand